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Les prix du blé et du maïs sont sous pression

Le blé, le maïs et le tourteaux de soja perdent en compétitivité ces derniers jours, selon Tallage.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Le blé français perd un peu de compétitivité cette semaine, baissant moins que son homologue de la mer Noire. Le marché du maïs montre, quant, à lui une tendance baissière plus franche, tout comme le tourteau de soja.

Le blé français se stabilise, contrairement aux autres origines

Les prix du blé français ont connu une hausse à la fin de la semaine, qui intervient après la baisse observée au milieu de la semaine (ils se situaient à 209 €/t mercredi pour le rendu Rouen en base juillet). Sur une semaine, le blé rendu Rouen enregistre finalement une très légère baisse de seulement 0,5 €/t, à 213 €/t, tandis que le blé rendu La Pallice se maintient au même niveau que la semaine dernière, à 212 €/t.

Sur le marché mondial, le blé Fob Rouen a, quant à lui, enregistré une baisse de 1 $/t, à 243 $/t. Grâce à son gain de compétitivité depuis le début du mois, la France a réussi à conclure une vente de 60 000 tonnes de blé vers l’Égypte. Les exportations européennes ont également profité du ralentissement des chargements en provenance de la Russie, conséquence des perturbations météorologiques persistantes dans les ports du sud du pays.

Les expéditions russes sont prévues à 3,2 millions de tonnes pour le mois de janvier (1,7 million de tonnes réalisées au 16 janvier 2024), en baisse par rapport aux 3,8 millions de tonnes réalisées en décembre 2023. En Ukraine, les envois ont également ralenti, passant de 763 000 tonnes entre le 1er et le 15 décembre 2023, à 609 000 tonnes sur la période du 1er au 15 janvier 2024. Cependant, malgré leur gain de compétitivité sur un mois, les blés français restent plus chers que les blés russes et ukrainiens, qui ont même récupéré cette semaine une partie de leur compétitivité perdue.

Le blé russe à 12,5 % de protéines s’affiche à 240 $/t Fob, tandis que le blé à 11,5 % de protéines se situe à 232,5 $/t, soit respectivement 2,5 $/t et 5 $/t de moins que la semaine précédente. Les blés russes et ukrainiens restent moins chers que les blés français et ont remporté la grande majorité des derniers appels d’offres. C’est le cas pour l’Égypte qui a effectué l’achat de 300 000 tonnes de blé russe, mais aussi de l’Algérie et de la Tunisie, qui ont respectivement acheté 900 000 et 150 000 tonnes de blés russes et ukrainiens.

Outre Atlantique, les prix du blé sont à la baisse en raison de l’amélioration des conditions climatiques, grâce à une couverture neigeuse protectrice pour les cultures. Les blés américains HRW et SRW ont enregistré des baisses respectives de 11 $/t et 10 $/t, pour se situer à 279 $/t et 247 $/t.

Maïs : les prix du maïs sur le marché mondial poursuivent leur baisse

Les prix mondiaux du maïs sont pris dans une spirale baissière. Du côté français, les prix du maïs Fob Rhin sont en baisse de 7 €/t, à 191 €/t (base : juillet). Son homologue Fob Bordeaux s’affiche à 183,5 €/t, perdant 4,5 €/t sur la semaine. La morosité de la demande, couplée à des disponibilités élevées, contribue à cette dynamique baissière tant sur le marché mondial que français.

La demande industrielle française fait par ailleurs face à de fortes difficultés dans le secteur amidonnier. Les données du mois d’octobre 2023 publiées par FranceAgriMer pour l’utilisation de maïs dans ce secteur témoignent d’un ralentissement de l’activité de 32 % par rapport à octobre 2022. La filière amidonnière rencontre des difficultés de consommation vers ses principaux débouchés que sont la papeterie et la cartonnerie. De plus, les perspectives économiques au sein de l’Union européenne sont assez faibles pour 2024, avec une croissance prévue de seulement +0,8 %.

Outre Atlantique, l’offre américaine de maïs continue d’orienter les marchés vers des prix toujours plus bas. En effet, la récolte a été record avec près de 390 millions de tonnes. À cela s’ajoutent des productions records un peu partout dans l’hémisphère Nord, comme en Russie, en Turquie, au Canada et en Chine. Bien qu’il y ait des incertitudes sur la production brésilienne, la disponibilité de maïs à l’échelle mondiale n’est plus le facteur clé du marché.

En effet, l’élément déterminant est à présent la demande. La croissance de la demande prévue est pour le moment inférieure au rebond de la production. Ainsi, malgré une offre de blé plus limitée, les cours du maïs continuent de plonger. À titre d’exemple, les prix du maïs français Fob bordeaux ont perdu près de 100 €/t depuis un an.

Tourteaux de soja : la baisse des cours se poursuit

Les cours du tourteau de soja ont suivi une tendance baissière sur le marché mondial depuis la semaine dernière à l’approche des nouvelles récoltes sud-américaines. Au Brésil, les pluies abondantes de ces derniers jours ont permis de soulager un peu le stress hydrique des plantes.

La baisse des prix a toutefois été modérée par des révisions en baisse de la production au Brésil, avoisinant les 155 Mt (dernier rapport du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA)) ou 157 Mt (selon la Conab), en raison du temps chaud et sec, notamment au Mato Grosso en décembre.

Ces conditions ont d’ores et déjà compromis le potentiel de rendement des cultures de soja dans le plus grand bassin de production du pays. Néanmoins, la nouvelle récolte argentine devrait plus que doubler (selon le dernier rapport de l’USDA) et permettrait de compenser les pertes du rendement au Brésil. De plus, la demande chinoise s’affaiblit et les exportations de soja américain vers la Chine se montrent bien inférieures à leurs niveaux de l’an dernier pour la même période.

Elles pâtissent de la forte compétition de la part du soja brésilien, mais aussi d’une demande chinoise moins porteuse. En Chine, la demande du secteur animal reste morose et le prix du porc poursuit sa baisse. L’élevage porcin chinois reste pris dans la tourmente de la peste porcine africaine et d’une faible demande des ménages. Les pertes subies par les éleveurs ont provoqué des abattages massifs. Selon des informations du marché, à la fin de novembre, le cheptel truies aurait atteint 41,6 millions de têtes, en baisse de 5,2 % sur un an et la liquidation se poursuit.

Hausse des cours du colza

Cette semaine, les cours du colza européen ont augmenté d’environ 10 €/t, pour s’établir à 437 €/t sur les échéances de février et mai 2024 sur Euronext.

Cette augmentation a notamment été portée par la hausse des prix du pétrole de près de 3 % en raison des tensions au Moyen-Orient. À la suite de frappes américaines au Yémen et des attaques réciproques entre l’Iran et le Pakistan, le baril américain (WTI) s’est élevé à plus de 74 dollars sur l’échéance de février. De plus, les prix du colza européen ont également été soutenus par la baisse des prix de l’euro face au dollar, redonnant de l’attractivité à la graine européenne sur le marché mondial. Par ailleurs, les prix plus élevés du canola australien par rapport au colza européen, restreignent les importations de l’UE et participent au soutien des cours.

Finalement, la hausse des prix de l’huile de colza en Europe a également tiré les cours de la graine à la hausse. En effet, la demande en huile de colza est stimulée par sa compétitivité face aux autres huiles, notamment face à celle de palme (cette dernière est plus chère de près de 25 €/t sur le marché européen).

Il faut noter que la hausse des prix du colza cette semaine a été limitée par la baisse de ceux du soja. En Amérique du Sud, l’approche de la récolte pèse sur le marché, d’autant plus à la suite des récentes précipitations abondantes au Brésil. Ces dernières ont permis de soulager un peu le stress hydrique des plantes.

À suivre : conditions météorologiques en Amérique du Sud (soja, maïs), en Europe (céréales d’hiver, colza), situation géopolitique en mer Noire, tension en mer Rouge, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale, parité euro/dollar.

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